Énonciation
Indication(s) grammaticale(s)
Catégorie lexicale | nom |
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Genre | Féminin |
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Définition 1.
Auteur(s) | Hamid Guessous |
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Discipline(s) | Sciences du langage |
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Source(s) | Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966 |
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Définition | Tout autre chose est l’emploi de la langue. Il s’agit ici d’un mécanisme total et constant qui, d’une manière ou d’une autre, affecte la langue entière. La difficulté est de saisir ce grand phénomène, si banal qu’il semble se confondre avec la langue même, si nécessaire qu’il échappe à la vue.
L’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation. Le discours, dira-t-on, qui est produit chaque fois qu’on parle, cette manifestation de l’énonciation, n’est-ce pas simplement la « parole »? — Il faut prendre garde à la condition spécifique de l’énonciation : c’est l’acte même de produire un énoncé et non le texte de l’énoncé qui est notre objet. Cet acte est le fait du locuteur qui mobilise la langue pour son compte. La relation du locuteur à la langue détermine les caractères linguistiques de l’énonciation. On doit l’envisager comme le fait du locuteur, qui prend la langue pour instrument, et dans les caractères linguistiques qui marquent cette relation. » (P.L. G. t. 2 p. 80) Le mécanisme de cette production est un autre aspect majeur du même problème. L’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en discours. Ici la question — très difficile et peu étudiée encore — est de voir comment le « sens » se forme en « mots », dans quelle mesure on peut distinguer entre les deux notions et dans quels termes décrire leur interaction. C’est la sémantisation de la langue qui est au centre de cet aspect de l’énonciation, et elle conduit à la théorie du signe et à l’analyse de la signifiance (…) On peut enfin envisager une autre approche, qui consisterait à définir l'énonciation dans le cadre formel de sa réalisation. C’est l’objet propre de ces pages. Nous tentons d’esquisser, à l’intérieur de la langue, les caractères formels de l’énonciation à partir de la manifestation individuelle qu’elle actualise. Ces caractères sont les uns nécessaires et permanents, les autres incidents et liés à la particularité de l’idiome choisi. Pour la commodité, les données utilisées ici sont tirées du français usuel et de la langue de la conversation. » (P.L. G. t. 2 p. 81) Dans l’énonciation, nous considérons successivement l’acte même, les situations où il se réalise, les instruments de l’accomplissement. L’acte individuel par lequel on utilise la langue introduit d’abord le locuteur comme paramètre dans les conditions nécessaires à l’énonciation. Avant l’énonciation, la langue n’est que la possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours, qui émane d'un locuteur, forme sonore qui atteint un auditeur et qui suscite une autre énonciation en retour. (P.L.G. t.2. p.82) En tant que réalisation individuelle, l’énonciation peut se définir, par rapport à la langue, comme un procès d'appropriation. Le locuteur s’approprie l’appareil formel de la langue et il énonce sa position de locuteur par des indices spécifiques, d’une part, et au moyen de procédés accessoires, de l’autre. (P.L.G. t.2. p.82) Mais immédiatement, dès qu’il se déclare locuteur et assume la langue, il implante l’autre en face de lui, quel que soit le degré de présence qu’il attribue à cet autre. Toute énonciation est, explicite ou implicite, une allocution, elle postule un allocutaire. (P.L.G. t.2. p.82) Enfin, dans l’énonciation, la langue se trouve employée à l’expression d’un certain rapport au monde. La condition même de cette mobilisation et de cette appropriation de la langue est, chez le locuteur, le besoin de référer par le discours, et, chez l’autre, la possibilité de co-référer identiquement, dans le consensus pragmatique qui fait de chaque locuteur un co-locuteur. La référence est partie intégrante de l’énonciation. (P.L.G. t.2. p.82) L’acte individuel d’appropriation de la langue introduit celui qui parle dans sa parole. C’est là une donnée constitutive de l’énonciation. La présence du locuteur à son énonciation fait que chaque instance de discours constitue un centre de référence interne. Cette situation va se manifester par un jeu de formes spécifiques dont la fonction est de mettre le locuteur en relation constante et nécessaire avec son énonciation.(P.L.G. t.2. p.82) … Ce qui en général caractérise l'énonciation est l’accentuation de la relation discursive au partenaire, que celui-ci soit réel ou imaginé, individuel ou collectif. (P.L.G. t.2. p.85) |
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Traduction(s) Arabe | تلفظ |
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