Indication(s) grammaticale(s)
Définition 1.
Définition
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Le terme de précarité a été souvent utilisé pour décrire la pauvreté ou pour montrer ses nouvelles formes. En effet, la précarité renvoie aux problèmes sociaux et économiques liés au changement du marché du travail et à la dégradation de la capacité institutionnelle d’intégration. Ce sens large de la précarité pose une sorte d'ambiguïté qui la rend plus difficile à définir.
Il n'existe aucun consensus sur la définition ni sur les outils appropriés à la mesure de la précarité sociale qui reste un concept difficile et complexe à définir. Toutefois, plusieurs chercheurs s’accordent sur la nécessité de s’appuyer sur une approche multidimensionnelle de la précarité et de prendre en compte aussi la dimension subjective.
Selon le dictionnaire « le petit Robert », la précarité renvoie à l’instabilité et la fragilité. Le premier terme oppose la précarité à la stabilité et plus particulièrement aux formes stables de pauvreté. Cela nous amène à considérer, par exemple, comme non précaire une personne ayant un revenu stable assuré et régulier même si les conditions de vie de cette personne sont médiocres. Alors qu’une personne avec un revenu moyen nettement supérieur peut être tenue pour précaire si ce revenu est instable ou affecté d'aléas importants. Le deuxième terme de fragilité renvoie à un risque important ou à une grande probabilité de devenir pauvre. La précarité résulte donc de deux facteurs : forte exposition aux différents risques et une faible capacité à faire face à la concrétisation de ces risques, imputable à un défaut de ressources de divers ordres. C'est la conjonction de ces deux sortes de facteurs qui accroît la probabilité de « basculer » dans la pauvreté.
Wresinski (1987) définit la précarité comme « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut-être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grande pauvreté, quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même dans un avenir prévisible ».
Pour clarifier cette notion, la sociologie tente d'analyser et de comprendre cette problématique sociale sous différents angles et avec des perspectives multiples. Elle vise à comprendre les mécanismes de précarisation en fonction de l'analyse des changements sociaux. Les travaux sociologiques des classiques permettent d’appréhender la problématique de la précarité. Cette dernière ne doit pas être confondue avec la pauvreté qui s’inscrit beaucoup plus dans des rapports de domination conflictuels et ne tient pas compte de la vulnérabilité sociale.
Bien que Tocqueville n'utilise pas le concept précarité, il l’a approchée à travers le concept de paupérisme. Pour lui, les sociétés industrielles sont plus menacées par la chute sociale. Autrement dit, la vulnérabilité des individus augmente avec la modernisation en absence de la protection sociale.
Emile Durkheim considère que le problème central de la société industrielle émergente ne réside pas dans la pauvreté. En effet, une telle société ne produit plus de la pauvreté, mais de la précarité qui en constitue une composante principale. Il considère que la précarité est un problème plus grand que la pauvreté et dont le traitement se fait en assurant la sécurité de la main-d’œuvre.
Les sciences humaines n’ont commencé à s'approprier la précarité qu'à partir des années 2000. Et ce à travers deux approches principales.La première l’appréhende comme un prolongement de la pauvreté. Dans ce cadre, Serge Paugam distingue trois formes de pauvreté : traditionnelle, marginale et disqualifiant. À cette dernière viennent s’ajouter les travailleurs pauvres et les travailleurs précairesqui sont menacés de perdre leur emploi (Paugam, 2000). La seconde approche associe la précarité à la ségrégation des liens sociaux, ainsi qu'aux changements de la société. Dans ce cadre Maryse Bresson (2007) considère que l'individu n'existe plus dans un système d'interdépendance solidaire au sens durkheimien.
L’approche adoptée par Ulrich Beck (2003), est celle d'une société à risquedans laquelle chaque individu se sent vulnérable. Dans ses travaux sur la précarité, Maryse Bresson distingue entre la pauvreté et la précarité. Et en se référant aux classiques, il montre la proximité et la similitude entre le paupérisme et la précarité.
Pour Robert Castel, le travail ne donne plus à l’individu un statut assuré (Castel, 2009). Il emploie les expressions de « vulnérabilité sociale » ou « insécurité sociale » pour exprimer la notion de précarité. Il considère que l’effondrement du système de sécurité sociale cède la place à l'insécurité sociale.
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