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Le territoire

De Wiktionnaire-SHS
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Indication(s) grammaticale(s)

Catégorie lexicale nom
Genre Masculin


Définition 1.

Auteur(s) BAKOUR CHAFIK بكور شفيق
Région(s) France, Maghreb, Maroc
Discipline(s) Droit, Economie, Géographie, Histoire, Sciences politiques, Sociologie
Période(s) 17eme, 18eme, 19eme, 20eme, 21eme
Usage(s) Scientifique
Définition Le concept de territoire accepte plusieurs définitions allant de l'espace géographique délimité par les animaux pour marquer leurs pouvoirs selon l'expression de C. Raffestin (1980) en décrivant le territoire du pouvoir, qui est l'étendue d'exercice du pouvoir. Il semble que l'on puisse s'accorder dans la littérature francophone sur les principales caractéristiques.

Dans un ouvrage publié par Eric Glon et Bernard Picqueur (2016) intitulé au cœur des territoires créatifs. Proximités et ressources territoires, les auteurs mettent l'accent sur l'évolution de la notion du territoire qui a pris un nouveau souffle dans les années 1980 et 1990 dans un contexte de crise économique pour désigner peu à peu l'espace social à forte teinture symbolique, mais construit par l'action systémique permanente d'acteurs à la fois économiques et sociaux. Le terme territoire viendrait du latin territorium rattaché peut être à la terre, mais aussi il est très probable que certains Latins pratiquaient un jeu de mots associant le contrôle d’une terre au pouvoir de la protéger par la menace. La notion de territoire a été tout d’abord étudiée chez les animaux et plus particulièrement les oiseaux. La première définition à caractère scientifique date du début du XXe siècle et est due à E. Howard, un ornithologue anglais. D’autres études, plus récentes, sur le règne animal ont permis d’affiner les premières approches et de démontrer qu’un animal ne défend pas un espace mais qu’il se défend lui-même. Le territoire existe donc dans son esprit ; c’est un produit entièrement subjectif, au point que la meilleure connaissance de l’environnement n’est pas en mesure de fournir la moindre indication sur l’existence d’un territoire. Même si cette remarque paraît juste, elle n’exclut pas pour autant l’existence de territoires naturels délimités par des frontières physiques ou d’autres marqueurs. C’est peut-être là, dans l’intersection des frontières physiques et mentales, que se trouve la difficulté de définir les territoires. Les recherches sur la notion de territoire, telle qu’elle est perçue par l’homme, ont commencé dans les années 1960 et se sont amplifiées au cours de la décennie suivante dans un contexte socio-économique bien défini et différent d’un pays à l’autre. De ce fait, elle a reçu des sens très nuancés selon qu’il s’agit des approches anglo-saxonne ou française pour ne citer que ces deux cas. Selon l'approche anglo-saxonne, il a été souligné que le comportement territorial humain est un phénomène d’écologie éthologique avec un fond instinctif qui se manifeste à propos des espaces plus ou moins exclusifs délimités par des frontières, marqueurs ou autres structures, espaces que les individus ou les groupes occupent émotionnellement et où ils se déploient afin d’éviter la venue d’autres individus ou groupes. La territorialité exprime donc la tentative par un individu ou un groupe d’affecter, d’influencer ou de contrôler d’autres personnes, phénomènes ou relations et d’imposer son contrôle sur une aire géographique, appelée territoire. Les ethnologues, par ailleurs, nous apprennent que le comportement humain territorial est un système cognitif et comportemental qui a comme objectif l’optimisation de l’accès d’un individu ou d’un groupe aux ressources de manière temporaire ou permanente.

Dans l'approche française, le notion a fait à la fois l'objet d'étude des géographes et des sociologues. Le territoire témoigne d’une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes humains qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité. Le territoire est un investissement affectif et culturel que les sociétés placent dans leur espace de vie.

Le territoire s’apprend, se défend, s’invente et se réinvente. Il est lieu d’enracinement, il est au cœur de l’identité. On apprend aussi qu’un territoire, c’est d’abord une convivialité, un ensemble de lieux où s’exprime la culture, ou encore une relation qui lie les hommes à leur terre et dans le même mouvement fonde leur identité culturelle. Un territoire est un lieu de vie, de pensée et d’action dans lequel et grâce auquel un individu ou un groupe se reconnaît, dote ce qui l’entoure de sens et se dote lui-même de sens, met en route un processus identificatoire et identitaire. Ces territoires humains peuvent être un espace villageois, un espace urbain, mais aussi un mythe fondateur ou un livre (la Bible, le Coran) qui suscitent des comportements de type religieux. D’une certaine manière, tout territoire social est un phénomène immatériel et symbolique. Tout élément, même physique ou biologique, n’entre dans la composition d’un territoire qu’après être passé par le crible d’un processus de symbolisation qui le dématérialise en quelque sorte. Tout territoire social est un produit de l’imaginaire humain. En résumé le territoire correspond d'abord et avant tout à un espace socialisé (Lévy, 2003, p. 907). Il n'est pas réductible à un morceau de nation ou de région comme le souligne Pecqueur (2004), mais repose justement sur un construit social qui est à la fois symbolique et matériel. Le territoire est l'expression d'une communauté et des formes d'organisation que mettent en place les acteurs qui en font partie (Courlet et Ferguène, 2004). À travers les agencements qu'il crée entre la nature et ses ressources, et la culture et ses identités, le territoire est structurant. En d'autres mots, il est un espace structuré, occupé, régulé, développé et aménagé par une collectivité, et qui joue un rôle à la fois de cadre et d'acteur dans la reproduction de celle-ci (Klein, 2008, p. 317).

Traduction(s) Arabe الإقليم