« Phrase » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
(4 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{Définition | {{Définition | ||
|Auteur=Fatma Gutbi Salim, | |Auteur=Fatma Gutbi Salim, | ||
|discipline=Sciences du langage | |discipline=Sciences du langage | ||
|Sous-discipline=Syntaxe | |Sous-discipline=Syntaxe | ||
|Source= | |Source=OSWALD DUCROT & JEAN-MARIE SCHAEFFER : Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, éditions du Seuil, Points Essai, 1995 | ||
|Définition=On appelle souvent phrase une suite de mots organisés conformément à la syntaxe, et énoncé, la réalisation d'une phrase dans une situation déterminée. On remarque alors que différents énoncés d'une même phrase ont généralement des sens tout à fait différent. En tant que linguiste, on aimerait attribuer à la phrase elle-même une valeur constante, et qui permette cependant de prévoir partiellement le sens de ses énoncés. | |Définition=On appelle souvent phrase une suite de mots organisés conformément à la syntaxe, et énoncé, la réalisation d'une phrase dans une situation déterminée. On remarque alors que différents énoncés d'une même phrase ont généralement des sens tout à fait différent. En tant que linguiste, on aimerait attribuer à la phrase elle-même une valeur constante, et qui permette cependant de prévoir partiellement le sens de ses énoncés. | ||
|Traduction arabe=جملة | |Traduction arabe=جملة | ||
|Traduction Amazigh=tafyirt | |Traduction Amazigh=tafyirt | ||
}} | }} | ||
{{Définition | {{Définition | ||
Ligne 31 : | Ligne 16 : | ||
Ce qui est nouveau ici, tout d’abord, est le critère dont relève ce type d’énoncé. Nous pouvons segmenter la phrase, nous ne pouvons pas l’employer à intégrer. Il n’y a pas de fonction propositionnelle qu’une proposition puisse remplir. Une phrase ne peut donc pas servir d’intégrant à un autre type d’unité. Cela tient avant tout au caractère distinctif entre tous, inhérent à la phrase, d’être un prédicat. Tous les autres caractères qu’on peut lui reconnaître viennent en second par rapport à celui-ci. Le nombre de signes entrant dans une phrase est indifférent : on sait qu’un seul signe suffit à constituer un prédicat. De même la présence d’un « sujet » auprès d’un prédicat n’est pas indispensable : le terme prédicatif de la proposition se suffit à lui-même puisqu’il est en réalité le déterminant du « sujet ». La « syntaxe » de la proposition n’est que le code grammatical qui en organise l’arrangement. Les variétés d’intonation n’ont pas valeur universelle et restent d’appréciation subjective. Seul le caractère prédicatif de la proposition peut donc valoir comme critère. On situera la proposition au niveau catégorêmatique. (P.L.G.t.1. p. 128) | Ce qui est nouveau ici, tout d’abord, est le critère dont relève ce type d’énoncé. Nous pouvons segmenter la phrase, nous ne pouvons pas l’employer à intégrer. Il n’y a pas de fonction propositionnelle qu’une proposition puisse remplir. Une phrase ne peut donc pas servir d’intégrant à un autre type d’unité. Cela tient avant tout au caractère distinctif entre tous, inhérent à la phrase, d’être un prédicat. Tous les autres caractères qu’on peut lui reconnaître viennent en second par rapport à celui-ci. Le nombre de signes entrant dans une phrase est indifférent : on sait qu’un seul signe suffit à constituer un prédicat. De même la présence d’un « sujet » auprès d’un prédicat n’est pas indispensable : le terme prédicatif de la proposition se suffit à lui-même puisqu’il est en réalité le déterminant du « sujet ». La « syntaxe » de la proposition n’est que le code grammatical qui en organise l’arrangement. Les variétés d’intonation n’ont pas valeur universelle et restent d’appréciation subjective. Seul le caractère prédicatif de la proposition peut donc valoir comme critère. On situera la proposition au niveau catégorêmatique. (P.L.G.t.1. p. 128) | ||
|Traduction arabe=جملة | |Traduction arabe=جملة | ||
|Traduction Amazigh=tafyirt | |||
}} | }} | ||
{{Définition | {{Définition | ||
|Auteur=Hamid Guessous | |Auteur=Hamid Guessous | ||
Ligne 47 : | Ligne 32 : | ||
(…)Nous en concluons qu’avec la phrase on quitte le domaine de la langue comme système de signes, et l’on entre dans un autre univers, celui de la langue comme instrument de communication, dont l’expression est le discours. P.L.G.t.1.p.130 | (…)Nous en concluons qu’avec la phrase on quitte le domaine de la langue comme système de signes, et l’on entre dans un autre univers, celui de la langue comme instrument de communication, dont l’expression est le discours. P.L.G.t.1.p.130 | ||
|Traduction arabe=جملة | |Traduction arabe=جملة | ||
|Traduction Amazigh=tafyirt | |||
}} | }} | ||
{{Définition | {{Définition | ||
|Auteur=Hamid Guessous | |Auteur=Hamid Guessous | ||
|discipline=Sciences du langage | |discipline=Sciences du langage | ||
|Sous-discipline=Analyse de discours, Syntaxe | |||
|Source=Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966 | |Source=Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966 | ||
|Définition=« La phrase appartient bien au discours. C’est même par là qu’on peut la définir : la phrase est l’unité du discours. » P.L.G.t.1 p.130 | |Définition=« La phrase appartient bien au discours. C’est même par là qu’on peut la définir : la phrase est l’unité du discours. » P.L.G.t.1 p.130 | ||
« La phrase est une unité, en ce qu’elle est un segment de discours, et non en tant qu’elle pourrait être distinctive par rapport à d’autres unités de même niveau, ce qu’elle n’est pas, comme on l’a vu. Mais c’est une unité complète, qui porte à la fois sens et référence : sens parce qu’elle est informée de signification, et référence parce qu’elle se réfère à une situation donnée. Ceux qui communiquent ont justement ceci en commun, une certaine référence de situation, à défaut de quoi la communication comme telle ne s’opère pas, le « sens » étant intelligible, mais la « référence » demeurant inconnue. P.L.G.t.1 p.130 | « La phrase est une unité, en ce qu’elle est un segment de discours, et non en tant qu’elle pourrait être distinctive par rapport à d’autres unités de même niveau, ce qu’elle n’est pas, comme on l’a vu. Mais c’est une unité complète, qui porte à la fois sens et référence : sens parce qu’elle est informée de signification, et référence parce qu’elle se réfère à une situation donnée. Ceux qui communiquent ont justement ceci en commun, une certaine référence de situation, à défaut de quoi la communication comme telle ne s’opère pas, le « sens » étant intelligible, mais la « référence » demeurant inconnue. P.L.G.t.1 p.130 | ||
Nous voyons dans cette double propriété de la phrase la condition qui la rend analysable pour le locuteur même, depuis l’apprentissage qu’il fait du discours quand il apprend à parler et par l’exercice incessant de son activité de langage en toute situation. (P.L.G.t.1. p. 130) | |||
Ce qui lui devient plus ou moins sensible est la diversité infinie des contenus transmis, contrastant avec le petit nombre d’éléments employés. De là, il dégagera inconsciemment, à mesure que le système lui devient familier, une notion tout empirique du signe, qu’on pourrait définir ainsi, au sein de la phrase : le signe est l'unité minimale de la phrase susceptible d’être reconnue comme identique dans un environnement différent, ou d'être remplacée par une unité différente dans un environnement identique. (p.131) | |||
Le locuteur peut ne pas aller plus loin ; il a pris conscience du signe sous l'espèce au «mot ». Il a fait un début d’analyse linguistique à partir de la phrase et dans l’exercice du discours. Quand le linguiste essaie pour sa part de reconnaître les niveaux de l’analyse, il est amené par une démarche inverse, partant des unités élémentaires, à fixer dans la phrase le niveau ultime. C’est dans le discours, actualisé en phrases, que la langue se forme et se configure. Là commence le langage. On pourrait dire, calquant une formule classique : nihil est in lingua quod non prius fuerit in oratione. | |||
|Traduction arabe=جملة | |Traduction arabe=جملة | ||
|Traduction Amazigh=tafyirt | |||
}} | }} | ||
{{Définition | {{Définition | ||
Ligne 66 : | Ligne 58 : | ||
Le sens de la phrase est en effet l'idée qu’elle exprime; ce sens est réalisé formellement dans la langue, par le choix, l’agencement des mots, par leur organisation syntaxique, par l’action qu’ils exercent les uns sur les autres. Tout est dominé par la condition du syntagme, par la liaison entre les éléments de l’énoncé destiné à transmettre un sens donné, dans une circonstance donnée. Une phrase participe toujours de « l’ ici - maintenant »; certaines unités du discours y sont conjointes pour traduire une certaine idée intéressant un certain présent d’un certain locuteur. (P.L.G.t.2. p.226-225) | Le sens de la phrase est en effet l'idée qu’elle exprime; ce sens est réalisé formellement dans la langue, par le choix, l’agencement des mots, par leur organisation syntaxique, par l’action qu’ils exercent les uns sur les autres. Tout est dominé par la condition du syntagme, par la liaison entre les éléments de l’énoncé destiné à transmettre un sens donné, dans une circonstance donnée. Une phrase participe toujours de « l’ ici - maintenant »; certaines unités du discours y sont conjointes pour traduire une certaine idée intéressant un certain présent d’un certain locuteur. (P.L.G.t.2. p.226-225) | ||
|Traduction arabe=جملة | |Traduction arabe=جملة | ||
|Traduction Amazigh=tafyirt | |||
}} | }} |
Version actuelle datée du 20 septembre 2022 à 11:50
Définition 1.
Auteur(s) | Fatma Gutbi Salim |
---|
Discipline(s) | Sciences du langage |
---|
Sous-discipline(s) | Syntaxe |
---|
Source(s) | OSWALD DUCROT & JEAN-MARIE SCHAEFFER : Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, éditions du Seuil, Points Essai, 1995 |
---|
Définition | On appelle souvent phrase une suite de mots organisés conformément à la syntaxe, et énoncé, la réalisation d'une phrase dans une situation déterminée. On remarque alors que différents énoncés d'une même phrase ont généralement des sens tout à fait différent. En tant que linguiste, on aimerait attribuer à la phrase elle-même une valeur constante, et qui permette cependant de prévoir partiellement le sens de ses énoncés. |
---|
Traduction(s) Arabe | جملة |
---|
Traduction(s) Amazigh | tafyirt |
---|
Définition 2.
Auteur(s) | Hamid Guessous |
---|
Discipline(s) | Sciences du langage |
---|
Sous-discipline(s) | Syntaxe |
---|
Source(s) | Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966. |
---|
Définition | C’est là le dernier niveau que notre analyse atteigne, celui de la phrase, dont nous avons dit ci-dessus qu’il ne représentait pas simplement un degré de plus dans l’étendue du segment considéré. Avec la phrase une limite est franchie, nous entrons dans un nouveau domaine.
Ce qui est nouveau ici, tout d’abord, est le critère dont relève ce type d’énoncé. Nous pouvons segmenter la phrase, nous ne pouvons pas l’employer à intégrer. Il n’y a pas de fonction propositionnelle qu’une proposition puisse remplir. Une phrase ne peut donc pas servir d’intégrant à un autre type d’unité. Cela tient avant tout au caractère distinctif entre tous, inhérent à la phrase, d’être un prédicat. Tous les autres caractères qu’on peut lui reconnaître viennent en second par rapport à celui-ci. Le nombre de signes entrant dans une phrase est indifférent : on sait qu’un seul signe suffit à constituer un prédicat. De même la présence d’un « sujet » auprès d’un prédicat n’est pas indispensable : le terme prédicatif de la proposition se suffit à lui-même puisqu’il est en réalité le déterminant du « sujet ». La « syntaxe » de la proposition n’est que le code grammatical qui en organise l’arrangement. Les variétés d’intonation n’ont pas valeur universelle et restent d’appréciation subjective. Seul le caractère prédicatif de la proposition peut donc valoir comme critère. On situera la proposition au niveau catégorêmatique. (P.L.G.t.1. p. 128) |
---|
Traduction(s) Arabe | جملة |
---|
Traduction(s) Amazigh | tafyirt |
---|
Définition 3.
Auteur(s) | Hamid Guessous |
---|
Discipline(s) | Sciences du langage |
---|
Sous-discipline(s) | Syntaxe |
---|
Source(s) | Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966. |
---|
Définition | (…) elle se distingue foncièrement des autres entités linguistiques. Le fondement de cette différence est que la phrase contient des signes, mais n’est pas elle-même un signe. Une fois ceci reconnu, le contraste apparaît clairement entre les ensembles de signes que nous avons rencontrés aux niveaux inférieurs et les entités du présent niveau. P.L.G. t. I p. 129
« Les phonèmes, les morphèmes, les mots (lexèmes) peuvent être comptés ; ils sont en nombre fini. Les phrases, non. Les phonèmes, les morphèmes, les mots (lexèmes) ont une distribution à leur niveau respectif, un emploi au niveau supérieur. Les phrases n’ont ni distribution ni emploi. Un inventaire des emplois d’un mot pourrait ne pas finir ; un inventaire des emplois d’une phrase ne pourrait même pas commencer. » P.L.G. t. I p.129
|
---|
Traduction(s) Arabe | جملة |
---|
Traduction(s) Amazigh | tafyirt |
---|
Définition 4.
Auteur(s) | Hamid Guessous |
---|
Discipline(s) | Sciences du langage |
---|
Sous-discipline(s) | Analyse de discours, Syntaxe |
---|
Source(s) | Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966 |
---|
Définition | « La phrase appartient bien au discours. C’est même par là qu’on peut la définir : la phrase est l’unité du discours. » P.L.G.t.1 p.130
« La phrase est une unité, en ce qu’elle est un segment de discours, et non en tant qu’elle pourrait être distinctive par rapport à d’autres unités de même niveau, ce qu’elle n’est pas, comme on l’a vu. Mais c’est une unité complète, qui porte à la fois sens et référence : sens parce qu’elle est informée de signification, et référence parce qu’elle se réfère à une situation donnée. Ceux qui communiquent ont justement ceci en commun, une certaine référence de situation, à défaut de quoi la communication comme telle ne s’opère pas, le « sens » étant intelligible, mais la « référence » demeurant inconnue. P.L.G.t.1 p.130 Nous voyons dans cette double propriété de la phrase la condition qui la rend analysable pour le locuteur même, depuis l’apprentissage qu’il fait du discours quand il apprend à parler et par l’exercice incessant de son activité de langage en toute situation. (P.L.G.t.1. p. 130) Ce qui lui devient plus ou moins sensible est la diversité infinie des contenus transmis, contrastant avec le petit nombre d’éléments employés. De là, il dégagera inconsciemment, à mesure que le système lui devient familier, une notion tout empirique du signe, qu’on pourrait définir ainsi, au sein de la phrase : le signe est l'unité minimale de la phrase susceptible d’être reconnue comme identique dans un environnement différent, ou d'être remplacée par une unité différente dans un environnement identique. (p.131) Le locuteur peut ne pas aller plus loin ; il a pris conscience du signe sous l'espèce au «mot ». Il a fait un début d’analyse linguistique à partir de la phrase et dans l’exercice du discours. Quand le linguiste essaie pour sa part de reconnaître les niveaux de l’analyse, il est amené par une démarche inverse, partant des unités élémentaires, à fixer dans la phrase le niveau ultime. C’est dans le discours, actualisé en phrases, que la langue se forme et se configure. Là commence le langage. On pourrait dire, calquant une formule classique : nihil est in lingua quod non prius fuerit in oratione. |
---|
Traduction(s) Arabe | جملة |
---|
Traduction(s) Amazigh | tafyirt |
---|
Définition 5.
Auteur(s) | Hamid Guessous |
---|
Discipline(s) | Sciences du langage |
---|
Sous-discipline(s) | Sémantique, Sémiotique |
---|
Source(s) | Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, t. 2, Paris, Gallimard, 1974 |
---|
Définition | Tout ce qui précède a trait à la structure ou aux relations du signe. Mais qu’en est-il de la phrase ? Qu’en est-il de la fonction communicative de la langue ? Après tout, c’est ainsi que nous communiquons, par des phrases, même tronquées, embryonnaires, incomplètes, mais toujours par des phrases. C'est ici, dans notre analyse, un point crucial. Contrairement à l’idée que la phrase puisse constituer un signe au sens saussurien, ou qu’on puisse par simple addition ou extension du signe, passer à la proposition, puis aux types divers de construction syntaxique, nous pensons que le signe et la phrase sont deux mondes distincts et qu’ils appellent des descriptions distinctes. Nous instaurons dans la langue une division fondamentale, toute différente de celle que Saussure a tentée entre langue et parole. Il nous semble qu’on doit tracer à travers la langue entière une ligne qui départage deux espèces et deux domaines du sens et de la forme, bien que, voilà encore un des paradoxes du langage, ce soient les mêmes éléments qu’on trouve de part et d’autre, dotés cependant d’un statut différent. (P.L.G.t.2. p.224)
Le sens de la phrase est en effet l'idée qu’elle exprime; ce sens est réalisé formellement dans la langue, par le choix, l’agencement des mots, par leur organisation syntaxique, par l’action qu’ils exercent les uns sur les autres. Tout est dominé par la condition du syntagme, par la liaison entre les éléments de l’énoncé destiné à transmettre un sens donné, dans une circonstance donnée. Une phrase participe toujours de « l’ ici - maintenant »; certaines unités du discours y sont conjointes pour traduire une certaine idée intéressant un certain présent d’un certain locuteur. (P.L.G.t.2. p.226-225) |
---|
Traduction(s) Arabe | جملة |
---|
Traduction(s) Amazigh | tafyirt |
---|